Auteur/autrice : jeggenbe

La hargne du Centre patronal

Courrier des lecteurs en réponse à la Tribune de M.Reymond, directeur du Centre patronal

S’engager jour après jour, nuit après nuit, pour offrir des prestations de qualité à la population, c’est l’engagement des salariés des services publics. Depuis plus d’un siècle, le Syndicat des services publics et ses 35 000 membres s’engagent pour améliorer et défendre les conditions de travail. Cette expérience nous a appris qu’il n’existe pas de cadeau pour les salariés. Chaque avancée a été obtenue de haute lutte. Nous savons de quoi nous parlons : le SSP a négocié des centaines de conventions et de règlements.

C’est aussi vrai pour la RIE3-vd : des contreparties sociales auraient-elles été associées au « paquet » sans une forte opposition ? Des mesures auraient-elles été ajoutées si le référendum n’avait pas été lancé ? La hargne du Centre patronal s’explique : il exècre les syndicats efficaces. Ceux qui se battent pour obtenir des avancées concrètes qui profitent à toutes et tous ! Ceux qui luttent contre des baisses de prestations ! Le 20 mars, c’est un NON qu’il faut choisir.

Julien Eggenberger, président du SSP Vaud

Dépouiller par anticipation le vote par correspondance.

Motion déposée le 15 mars 2016

Ces dernières années, le canton de Vaud s’est distingué par la lenteur de son dépouillement lors des élections. Le bon fonctionnement de nos institutions et la nécessité de donner aux acteurs politiques un temps pour l’analyse et les discussions en vue d’un éventuel deuxième tour plaident pour des résultats les plus rapides possibles.

La Ville de Lausanne, par exemple, a démarré le dépouillement du premier tour des élections communales 2016 à minuit une le dimanche matin, utilisant ainsi le maximum de la marge de manœuvre définie dans la LEDP. Si différentes mesures organisationnelles ont permis d’accélérer et de sécuriser le déroulement des opérations dans plusieurs communes, il n’en demeure pas moins que le canton de Vaud reste souvent l’un des derniers à rendre ses résultats, comme les élections fédérales de 2015 l’ont encore prouvé. La rapidité du dépouillement dans les villes est au maximum des capacités permises par la législation actuelle, or c’est elles qui sont souvent les dernières à rendre leurs résultats. Une rapide analyse de la pratique des autres grandes villes suisses montre que la plupart procèdent à une première vague de dépouillement le samedi. C’est ainsi le cas, par exemple, dans les villes de Berne, Zurich, Bâle et Genève.

Il est évident qu’une anticipation du dépouillement le samedi nécessite des précautions afin d’éviter la divulgation de résultats. Les outils informatiques actuels permettent de séquencer le dépouillement et donc d’éviter qu’une vision d’ensemble puisse être disponible avant le moment souhaité. Ce temps supplémentaire permettrait, par exemple, de faire un premier contrôle de validité ou encore de procéder déjà à la saisie des bulletins le samedi et de commencer la mise au point des bulletins modifiés, puis de clôturer les résultats le dimanche en fin de matinée, plutôt que généralement fin de soirée. Ce temps supplémentaire réduirait nettement le stress et le risque d’erreur.

La loi prévoit que le Conseil d’Etat peut autoriser les bureaux communaux à commencer le dépouillement le jour du scrutin avant la clôture de celui-ci. Elle prévoit aussi que toutes les mesures utiles doivent être prises pour garantir le secret du dépouillement anticipé jusqu’à la clôture du scrutin ; les résultats du dépouillement anticipé doivent être tenus secrets et ne peuvent être divulgués hors du local de dépouillement.

Les soussigné-e-s demandent au Conseil d’Etat de proposer une modification de la LEDP permettant d’autoriser les communes à procéder, lors des élections, à un dépouillement anticipé le samedi tout en assurant que la procédure exclue toute possibilité de divulgation de résultats partiels avant la clôture du scrutin.

Julien Eggenberger, député PS


Ce dépôt s’inscrit dans un bouquet déposé par le groupe socialiste:

Un bouquet législatif pour améliorer les droits démocratiques
Le PSV dépose au Grand Conseil un bouquet d’objets visant à améliorer les droits démocratiques. Avec six motions, le groupe socialiste souhaite, notamment, que le Conseil d’Etat étudie la possibilité de procéder, lors des élections, à un dépouillement anticipé le samedi, que les 147 communes dotées d’un conseil général puissent également voter par correspondance lors du deuxième tour à la Municipalité et l’élection du Syndic et, enfin, que les électeurs-rices étranger-ère-s reçoivent en même temps que les Suisses le matériel de vote. Les autres motions demandent que l’affranchissement soit offert afin d’augmenter la participation, que les électrices et électeurs reçoivent également du matériel d’information lors des élections et que tou-te-s les Vaudois-e—s, y compris celles et ceux de l’étranger, puissent élire les Conseillères et/ou Conseillers aux Etats.

 

Faciliter les dispositifs de « logeurs solidaires »

Postulat déposé le 1er mars 2016 au Grand Conseil du canton de Vaud

La pénurie de logements que connaît notre région pose des difficultés importantes. Ces difficultés sont encore plus marquées pour les personnes migrantes, en grande précarité ou encore les étudiant-e-s. Les structures destinées à ces personnes sont souvent saturées. En parallèle, il existe une réserve potentielle chez des particuliers qui, pour diverses raisons, bénéficient d’une pièce supplémentaire et qui pourrait être rendue disponible.

Depuis plusieurs années, les autorités sont confrontées à des difficultés dans l’hébergement et la prise en charge des personnes dont elles ont la charge. Cette situation est aussi le résultat d’un manque de logements à loyer modéré. En effet, la pénurie que nous connaissons aboutit à la situation paradoxale que plus une personne est pauvre, plus le loyer payé par les collectivités publiques est élevé. On constate ainsi que le logement d’une famille de 4 personnes à l’hôtel peut atteindre plus de 4000.- /mois et que les logements privés dans des constructions dédiées aux services sociaux peuvent attendre près de 1800.-/mois pour un 2 pièces. Un gros effort est actuellement réalisé afin de répondre à cette demande, en particulier suite à plusieurs initiatives des services sociaux de la ville de Lausanne (Le Patio aux Prés-de-Vidy, projet de St-Martin,…).

En parallèle aux dispositifs mis en place et sans que cela n’entre en concurrence avec les développements prévus, des disponibilités pourraient aussi être trouvées chez des particuliers, or les essais actuels ne semblent pas très concluants. Pourtant ces différents projets ont aussi pour vertu de favoriser des rencontres improbables, le lien social et l’intégration des populations concernées. Ils permettent aussi de dégager des places sans accentuer la pénurie. Mais pour vertueux que pourraient être ces dispositifs, tant l’EVAM que les services sociaux rencontrent des difficultés à trouver un modèle qui fonctionne. Il semble que des entraves réglementaires et liées au mode de calcul des prestations des assurances sociales soient rédhibitoires. Ainsi un-e bénéficiaire des prestations complémentaires AVS qui souhaiterait mettre à disposition une pièce dans un dispositif de ce type se verrait intégralement retenu les indemnités concernées. Par ailleurs, les critères de conformité des logements semblent parfois plus formels qu’adaptés aux situations concrètes. Il est évident que ces différents « publics » nécessitent des dispositifs spécifiques. Néanmoins, certaines des entraves qui touchent les logeurs solidaires concernent toutes les situations.

Au vu des ces différents constats, les soussigné-e-s demandent qu’un rapport soit établi afin d’étudier l’utilité de développer des dispositifs basés sur les « logeurs solidaires », c’est-à-dire des personnes qui mettent à disposition une partie de leur logement afin d’héberger, par exemple, un-e bénéficiaire de prestations sociales, un migrant-e-s ou un étudiant-e-s, les avantages et inconvénients de tels dispositifs et les obstacles rencontrés ainsi que les pistes permettant d’y répondre.

Julien Eggenberger, député PS

La Poste reste maître de l’avenir des petits offices

24hArticle 24 Heures du 9 février 2016 – Mathieu Signorell

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Philippe Randin, Julien Eggenberger et Nicolas Rochat Fernandez (de g. à dr.) se sont heurtés de front au principe de la liberté économique. Image: Jean-Bernard Sieber/ARC

Grand Conseil: Les socialistes voulaient que les communes décident du sort de leur bureau en cas d’annonce de fermeture. Les députés refusent.

Que faire pour éviter que La Poste ne continue à fermer des petits offices de quartier ou de village par souci de rentabilité économique? En tout cas, il n’est pas question de donner un droit de veto aux Municipalités pour qu’elles puissent s’opposer à toute décision du géant jaune. Le Grand Conseil leur a refusé ce droit, mardi, en enterrant une initiative socialiste par 67 voix contre 57 et cinq abstentions. Un classique affrontement gauche-droite, en somme, avec comme principaux arguments la défense des services publics d’un côté et la liberté économique de l’autre.

C’est le député socialiste Julien Eggenberger qui est à l’origine de cette initiative. Son texte demandait que tous les projets de fermeture de bureaux de poste soient soumis «pour accord» aux autorités communales.

«Optimisation financière»

«Aujourd’hui, La Poste peut faire ce qu’elle veut et les communes doivent pouvoir dire non à des opérations de pure optimisation financière», estime le député, par ailleurs président de la section vaudoise du Syndicat des services publics (SSP). «Les autorités communales, démocratiques et légitimes, sont les plus à même de connaître les besoins de leur population.»

L’appel a été vain, tout comme celui du chef de groupe socialiste, Nicolas Rochat Fernandez. Lui s’est adressé directement à la cinquantaine de députés – principalement de droite – qui occupent aussi des postes de syndic et de municipal: «Plusieurs parmi vous sont candidats à des postes dans des Exécutifs communaux, leur a-t-il lancé. Il s’agit de savoir si nous voulons que les communes soient véritablement écoutées.»

L’idée fait partie de celles qui irritent au plus haut point le conseiller d’Etat Philippe Leuba, libéral-radical à la tête du Département de l’économie. Ce d’autant plus que l’initiative aurait donné un droit aux communes «sans qu’elles doivent assumer les conséquences financières de leur choix», selon le ministre: «Conférer à l’ensemble des communes un droit d’opposition, c’est au final miner le service public.»

«Conférer à l’ensemble des communes un droit d’opposition, c’est au final miner le service public»

La principale crainte de la droite est de voir les villes et les villages s’opposer systématiquement à chaque fermeture, quitte à mettre La Poste en difficulté. Selon Marc-Olivier Buffat, chef du groupe libéral-radical, l’entreprise connaît un déficit annuel de 100 millions de francs, compensé par les recettes de PostFinance. Pour lui, la fermeture de certains bureaux ne remet pas en cause le service postal: «La Suisse a l’offre la plus abondante d’Europe.»

L’enterrement de l’initiative socialiste jure avec une autre décision du Grand Conseil prise quelques heures auparavant. Par 73 voix contre 46 et trois abstentions, les députés ont accepté un postulat de Nicolas Rochat Fernandez. Il suggère au Conseil d’Etat de rencontrer régulièrement la direction de La Poste.

Le combat a ému le socialiste Philippe Randin, ancien responsable d’office au Pays-d’Enhaut: «Ces préoccupations me font chaud au cœur. Mais la mutation de La Poste est déjà faite. Il reste peu de choses aujourd’hui qu’on peut défendre.»

Maîtres auxiliaires et reconnaissance des voies alternatives d’accès aux formations pédagogiques : un verre au 2/3 plein

Communiqué du SSP – Enseignement

Le SSP – Enseignement accueille avec satisfaction les dernières décisions du DFJC visant à développer les voies alternatives d’accès aux formations pédagogiques présentées dans la réponse du Conseil d’Etat à la motion Mahaim. Cette stratégie permet en effet d’apporter une réponse à la pénurie d’enseignant-e-s diplômé-e-s et offre une solution qualifiante pour les nombreux maître-sse-s auxiliaires aujourd’hui engagé-e-s avec des statuts précaires. Les dernières avancées sont la consécration d’un long travail de notre syndicat, travail qui s’est concrétisé sous diverses formes (négociations, courrier, pétition, lobbying politique, actions en justice,…). Elles révèlent aussi la nécessité d’un engagement déterminé dans la défense de toutes et tous les collègues, y compris ceux aux parcours atypiques et au statut précaire.

Depuis de nombreuses années, le SSP s’engage activement pour résorber la pénurie d’enseignant-e-s diplômé-e-s et trouver des solutions adaptées à la situation inconfortable des maître-sse-s auxiliaires. Si le SSP considère que des mesures fortes doivent être prises afin de contrebalancer la dégradation constante des conditions d’enseignement, il a aussi à cœur de trouver des solutions pragmatiques permettant de développer les voies alternatives d’accès aux formations pédagogiques. Le SSP revendique une formation des maître-sse-s de haut niveau, ancrée dans le domaine tertiaire, et assurant des conditions justes d’accès. Afin de pouvoir offrir une formation à des personnes ayant suivi un parcours moins «classique», des aménagements doivent être prévus. La rigidité actuelle du système vaudois a longtemps représenté un facteur de pénurie significatif. Les différentes dimensions de la question sont développées dans notre rapport « Agir contre la pénurie » publié en 2010.[1]

Depuis une année, deux nouvelles possibilités d’accès à la HEP sont proposées et permettent de valoriser d’autres types de parcours, comme les formations professionnelles, et de favoriser ainsi la diversité sociale et culturelle du corps enseignant. Le SSP – Enseignement salue ces avancées, même s’il regrette la complexité et le coût de la validation des acquis de l’expérience.

Dès l’année prochaine, le DFJC ouvrira, conformément à la demande du SSP – Enseignement, la formation des enseignant-e-s dans les branches artisanales (activités manuelles, textiles et économie familiale) aux titulaires d’un détenteur d’un titre de formation professionnelle (CFC) alors qu’il était le seul canton romand à leur interdire l’entrée de la formation romande PIRACEF. Par ailleurs et en parallèle, ce dispositif permettra d’offrir une possibilité de qualification pour la centaine de personnes actuellement engagées dans ces disciplines et sans formation pédagogique.

Afin de régler complètement le problème, il restera à réintroduire, sur le modèle d’autres cantons, une passerelle permettant aux enseignant-e-s généralistes d’enseigner au secondaire I, respectivement de permettre aux personnes le faisant déjà d’obtenir les qualifications requises. Le SSP – Enseignement profite de cette occasion pour rappeler cette demande.
[1] Disponible sous : http://www.ssp-vaud.ch/index.php?option=com_content&view=article&id=633

RIE3-VD Planifier l’amnésie

logo-150x150Article paru dans Pages de gauche (février 2016)

Si les derniers budgets de l’État de Vaud, et surtout les comptes, montrent toujours une très bonne santé financière, les difficultés s’annoncent et elles sont nombreuses.

Les finances de l’État ont connu plusieurs phases ces trente dernières années, avec des choix qui ont eu un impact à long terme. Ainsi les baisses fiscales du début des années 1990 ont empêché l’État d’absorber le choc économique et sont responsables de la dégradation de la situation. Des coupes budgétaires très importantes ont permis, avec un redressement de la situation économique, que la situation s’améliore au point de rembourser la dette, au prix cependant d’un maintien des mesures d’austérité, dogmatisme de la majorité de droite. Depuis quelques années, les dotations suivent la croissance démographique et économique, et contribuent au développement de nouveaux projets. Cette situation, meilleure que dans la plupart des autres cantons, n’a cependant pas apporté de solution aux détériorations précédentes. Elle ne prend ainsi que partiellement en compte les modifications structurelles de la société (vieillissement, éducation), alors que celles-ci ont un grand impact sur les services publics.

SOMBRE TABLEAU

La fonction publique vaudoise a subi de très nombreuses mesures visant à diminuer les charges de personnel. Et si la réforme du système salarial a permis une revalorisation de certaines fonctions pour un coût annuel de 80 millions, suivant en cela des revendications syndicales, le nouveau système contrôle aussi strictement l’évolution des salaires, ralentit les carrières et verrouille les promotions. L’État est déjà en train de se refaire et l’on peine à imaginer la manière dont les promesses de l’époque puissent se réaliser avec des ressources taries.

La planification financière de l’État prévoit de plus un retour aux déficits dans les prochaines années. Outre les conséquences du climat économique (franc fort notamment) sur les recettes fiscales, des augmentations des dépenses sont prévisibles: des coûts de fonctionnement qui découlent logiquement des investissements dans des nouvelles infrastructures qu’il faudra bien exploiter ; l’impact de l’augmentation des primes d’assurances maladies sur les subsides, les prestations que la Confédération va transférer aux cantons dans son plan d’économie (projet dit de «stabilisation financière 2017-2019»), le financement des «contreparties sociales» prévues dans la feuille de route et les nouvelles niches fiscales qu’instaurerait la troisième réforme de la fiscalité des entreprises. C’est donc à ce tableau sombre que le Conseil d’État veut ajouter la baisse de la fiscalité des entreprises. Or ce dernier n’a pas actualisé sa planification financière, alors qu’il avait annoncé dans celle-ci un impact de la feuille de route limité à 60 millions par an…

Julien Eggenberger Président du SSP Vaud et député PS

L’encadrement pour les mineurs non-accompagnés relevant du droit d’asile est-il adapté ?

Interpellation déposée le 15 décembre 2015

La situation internationale a mis sur les chemins de l’asile de nombreux réfugiés et réfugiées. Certains d’entre eux sont mineurs et voyagent seuls. Le canton de Vaud, par l’intermédiaire de l’EVAM, a mis sur pied des structures particulières pour celles et ceux que la Confédération confie à notre canton et qui ont plus de 14 ans. Il assure aussi la scolarisation de ceux-ci conformément aux principes fondamentaux des droits humains et au mandat public de formation.

L’augmentation importante des arrivées de mineurs non-accompagnés ces derniers mois a nécessité l’ouverture de nouveaux centres et de trouver des solutions permettant d’assurer leur scolarisation. Ces ouvertures récentes sont évidemment un défi qui nécessite de trouver des locaux adaptés et l’engagement de personnel qualifié. Elles obligent aussi les communes territoriales à trouver des locaux d’enseignement et les directions d’établissement à mettre sur pied dans des délais très rapides des classes d’accueil.

Malgré tous ces efforts, il apparaît que l’encadrement pose des difficultés importantes. Pendant plusieurs semaines, aucun personnel éducatif n’était présent les week ends. Par ailleurs, l’application automatique des normes définies par le Conseil d’Etat, notamment pour les repas, les vêtements et les loisirs, laisse les jeunes concernés seuls face à des problèmes quotidiens qu’un enfant de cet âge est bien en peine de résoudre. Ainsi, est-il raisonnable de demander à un jeune de 14 ans de gérer ses repas ? De plus, la coordination avec les établissements scolaires est difficile et de nombreuses zones grises subsistent. Est-ce vraiment le rôle des enseignant-e-s de l‘école obligatoire de fournir des sacs d’école et des habits chauds ?

En résumé, le concept d’encadrement comporte des lacunes et ne répond pas à ce qui est attendu dans le cadre de l’accueil de jeunes mineurs non-accompagnés relevant du droit d’asile.

Fort de ces constats, j’ai le plaisir de poser les questions suivantes au Conseil d’Etat :

  1. Dans le cadre de la convention de subventionnement de l’EVAM, quel encadrement et quels principes éducatifs sont définis ?
  2. Quel est l’encadrement éducatif prévu dans les différentes structures accueillant des mineurs non-accompagnés ? La présence d’un encadrant est-elle garantie 24/24h et 7/7j ? Quelles sont les qualifications des encadrant-e-s ?
  3. Comment les repas sont-ils organisés ?
  4. Tous les mineurs en âge de scolarité sont-ils scolarisés ?
  5. Quelle formation est proposée pour ceux qui n’ont plus l’âge d’être scolarisés ?
  6. Comment les communes et les établissements scolaires sont-ils associés à la prise en charge de ces jeunes ?
  7. Plus particulièrement, comment le financement des habits et des activités extra-scolaires est-il assuré ?

Je remercie d’avance le Conseil d’Etat pour ses réponses.

Julien Eggenberger, député PS

La fronde des profs fait plier l’Etat de Vaud

Logo_Le_CourrierArticle dans Le Courrier du 28 novembre 2015 – Mario Togni

PÉDAGOGIE SPÉCIALISÉE • Pour des «raisons budgétaires», le département de la formation avait gelé toute nouvelle mesure de soutien aux élèves handicapés en classe. Face au tollé des profs, il a annulé sa décision.

C’est ce qu’on appelle un rétropédalage en bonne et due forme. Le 18 novembre, l’Etat de Vaud décidait de geler toute nouvelle mesure de soutien aux élèves à besoins particuliers dans les classes ordinaires, pour des «raisons budgétaires». Une lettre du Service de l’enseignement spécialisé et de l’appui à la formation (Sesaf ) en informait les établissements de la scolarité obligatoire. Jeudi, face au tollé provoqué par cette décision, le canton est revenu en arrière.

«Au vu des réactions provoquées et avec l’accord de la cheffe du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (Anne-Catherine Lyon, ndlr), j’ai décidé d’annuler cette mesure», confirme Serge Loutan, chef du Sesaf. Un nouveau courrier a été adressé le jour même aux directions d’établissements scolaires. «Nous allons donc continuer à étudier les demandes qui nous sont adressées», précise le chef de service.

Il rappelle que le budget 2016 de l’Etat de Vaud, sur lequel le Grand Conseil doit se prononcer prochainement, prévoit des augmentations de ressources pour la pédagogie spécialisée, avec notamment 18 postes supplémentaires d’enseignants spécialisés. Une partie de ces effectifs (10  postes) concernent la régularisation d’engagements déjà effectués à titre de renfort. «Cela permettra de répondre, au moins en partie, à l’augmentation de la demande», estime-t-il.

Soutien pédagogique

De quoi parle-t-on? L’intégration des enfants en situation de handicap à l’école nécessite notamment un soutien pédagogique (enseignants spécialisés) et des aides à l’enseignant, soit des personnes qui accompagnent les élèves dans les gestes du quotidien. Ces mesures sont décidées sur la base d’une longue procédure et avec l’appui de spécialistes.  La nouvelle loi sur la pédagogie spécialisée, qui doit entrer en vigueur progressivement dès la rentrée 2016, renforcera encore ce dispositif au cœur du concept d’école inclusive.

Or déjà aujourd’hui les besoins dépassent les moyens à disposition, d’où le moratoire décidé en novembre. Le Sesaf justifiait ce choix en soulignant que «l’accroissement des demandes dépasse toutes les prévisions budgétaires», en moyenne de 6% sur l’ensemble du canton. Toute nouvelle mesure de soutien serait donc refusée «par principe», écrivait-il, sans préciser jusqu’à quand.

Enseignants choqués

Stupeur chez les enseignants! «Nous sommes choqués et scandalisés par cette décision qui touche les élèves les plus fragiles», réagissait jeudi matin Grégory Durand, président de la Société pédagogique vaudoise (SPV), assurant que son téléphone était submergé d’appels de profs en colère et inquiets. La SPV et le Syndicat des services publics (SSP Vaud) ont donc écrit cette semaine au DFJC, demandant de suspendre cette décision «brutale» et «inacceptable».

Ils ont finalement été entendus. Dans son courrier de jeudi, Serge Loutan indique qu’il était dans son «devoir» de tirer les conséquences d’un dépassement quasi certain du budget pour l’année 2015. «L’objectif était principalement d’attirer votre attention sur ce risque et de permettre de l’évaluer», ajoute-t-il, à l’adresse des directeurs d’établissements. En leur demandant de rester «attentifs au risque élevé dans l’évaluation des situations nouvelles».

Elèves handicapés

Julien Eggenberger, président du SSP Vaud se dit «satisfait» de ce retournement de situation. «Nous sommes néanmoins effarés qu’une telle idée ait simplement été émise. C’est comme si le CHUV décidait de ne plus donner de médicaments à ses patients car l’enveloppe annuelle était épuisée! On parle ici d’élèves handicapés, par exemple des autistes, qui nécessitent parfois un accompagnement lourd, pas de simples appuis scolaires.»

Après cet épisode «inquiétant», le syndicat va demander au plus vite une rencontre avec la direction du Sesaf et Anne-Catherine Lyon. «Nous voulons des garanties pour la suite», souligne Julien Eggenberger. En particulier, la mise en œuvre de la nouvelle loi sur la pédagogie spécialisée, qui nécessitera des moyens supplémentaires, n’a pas de quoi rassurer dans ce contexte. «Une certaine méfiance s’est installée, nous allons être très vigilants», conclut le syndicaliste.

A l’école, parler des attentats est délicat mais nécessaire

Logo_Le_CourrierArticle du Courrier – 17 novembre 2015 – Mario Togni

Faut-il parler des attentats de ce week-end à l’école? Si oui, comment les aborder? Autant de questions que les enseignants vaudois, comme les autres, se sont posées à l’heure de reprendre les cours hier matin. Lorsque de tels événements se produisent, le malaise n’est jamais loin. Beaucoup de profs abordent néanmoins spontanément le sujet avec leur élèves.

C’est le cas de Julien Eggenberger, enseignant au Secondaire à Lausanne et président du SSP-Vaud. «J’en ai discuté avec mes classes ce lundi matin, témoigne-t-il. Les élèves étaient très au courant, lucides mais aussi inquiets.» Pour lui, il est essentiel de répondre à leurs questionnements et sentiments. «La peur est légitime, il faut la saisir, la comprendre et la dépasser.»

Lui a choisi d’afficher l’image de Marianne en pleurs, largement diffusée sur les réseaux sociaux, comme point de départ de la discussion. «Le débat s’est fait tout seul, les élèves avaient beaucoup de choses à dire. Notre rôle est de donner du sens à ces événements, de les mettre en perspective, d’offrir des clés de lecture.» Parmi ses collègues, la plupart ont aussi passé une partie de la matinée à évoquer l’actualité parisienne.

Des élèves «surinformés»

Le Syndicat des services publics et la Société pédagogique vaudoise (SPV) ont d’ailleurs diffusé dès dimanche sur internet des articles et documents utiles pour aborder les attentats en classe. «Le but n’est pas de noyer les enseignants d’informations mais de leur donner quelques pistes», souligne Grégory Durand, président de la SPV. «Les élèves arrivent en classe surinformés par la télé, les journaux, les discussions en famille, les réseaux sociaux. Pour les profs, la difficulté est de cadrer ces informations et de gérer l’aspect émotionnel.»

C’est que beaucoup d’enseignants se sentent «démunis», souligne Alain Pache, professeur en didactique des sciences humaines et sociales à la Haute école pédagogique (HEP-Vaud): «L’enseignant doit déjà se sortir de sa propre stupeur. Certains doutent d’être capables de faire face à l’émotion, d’avoir suffisamment de recul ou craignent les propos tendancieux.» Selon lui, les ressources pédagogiques manquent dans le canton de Vaud, à l’inverse de la France où il existe des plateformes d’information efficaces destinées aux enseignants.

Offrir un espace de parole

Le Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC) ne donne en effet pas de directive ni ne met de matériel à disposition, confirme Michael Fiaux, délégué à la communication. «Le choix de parler de tels événements en classe est laissé au libre arbitre des enseignants. S’ils le font, il doivent en revanche privilégier la mise en perspective et la distanciation, tout en offrant une globalité de points de vue», précise-t-il.

La HEP livre de son côté quelques recommandations. «En premier lieu, il est nécessaire d’offrir un espace de parole, de permettre aux élèves de mettre des mots sur un phénomène, de revenir aux faits», illustre Alain Pache. «Qu’est-ce qu’un terroriste? Quelles sont ses motivations? Qu’est-ce que l’état d’urgence en France?» Répondre à ce type de questions permet, selon lui, de prendre de la distance. Pour les plus petits, l’outil du dessin est aussi parfois utilisé.

Dans un second temps, les enseignants peuvent revenir sur le sujet dans le cadre de disciplines spécifiques, ajoute le spécialiste. Les sciences humaines et sociales (géographie, histoire, citoyenneté, éthique et cultures religieuses), sont particulièrement adaptées. «Cela permet, par exemple, de travailler sur les valeurs d’un État de droit, sur les sources d’informations, ou encore sur les amalgames», conclut-il.


Sélection de sites proposée par le SSP-Enseignement contenant des documents utiles pour aborder en classe les tristes événements duweek end:

– Education nationale française: « Comment aborder la question au primaire et au secondaire »:
http://eduscol.education.fr/…/savoir-accueillir-la-parole-d…

– Les Cahiers pédagogiques: « Des ressources pour parler avec les enfants »:
http://www.cahiers-pedagogiques.com/Des-ressources-pour-par…

– La Passerelle Histoire/géographie: « Par qui notre liberté est-elle menacée? »
http://lewebpedagogique.com/…/emc-4eme3eme-par-qui-notre-l…/

– Bayard Presse: « Les enfants ont besoin de connaître les mots des grands! »:
http://www.bayard-jeunesse.com/…/Les-enfants-ont-besoin-de-…

– L’Express: « Comment éviter que les enfants aient peur du terrorisme?:
http://www.lexpress.fr/…/terrorisme-comment-eviter-que-les-…