Mon intervention pour défendre la pétition demandant plus de moyens pour les classes de 1-2P.
Le texte de la pétition:
https://vaud.ssp-vpod.ch/news/2024/petition-plus-de-moyens-pour-les-classes-de-1-2p/
Mon intervention pour défendre la pétition demandant plus de moyens pour les classes de 1-2P.
Le texte de la pétition:
https://vaud.ssp-vpod.ch/news/2024/petition-plus-de-moyens-pour-les-classes-de-1-2p/
Chaque année, près de 7 milliards de francs de subventions sont octroyés par l’État de Vaud dans divers domaines. Ces politiques publiques sont indispensables, mais elles manquent de transparence. Dans certains secteurs, comme les subventions culturelles, la brochure des comptes liste les montants par institution bénéficiaire. Dans d’autres, tel que le domaine du sport, c’est le rapport de la commission des finances qui les énumère. Et dans d’autres encore, il n’existe aucune publicité des montants versés.
La loi sur les subventions prévoit la tenue d’un inventaire des subventions. Cet inventaire, tenu sur mandat du Conseil d’État, ne concerne que les subventions de plus de 3 millions et reste un document interne non accessible au public. D’autres collectivités font preuve de bien plus de transparence. La ville de Lausanne publie un index des bénéficiaires de subventions. La Confédération tient une banque de données des subventions, mais les informations y restent générales. L’exemple le plus abouti est celui du canton du Jura, qui édite un inventaire public des subventions comprenant des fiches très complètes par bénéficiaire[1].
Partant du principe que les subventions représentent une part importante des dépenses publiques, il serait judicieux que l’ensemble des subventions soient accessibles non seulement aux commissions de surveillance et à la députation, mais aussi au public. Des exceptions pourraient prévues dans des situations où un intérêt supérieur exigerait de maintenir une subvention confidentielle ainsi que pour les aides individuelles (subsides LAMAL, etc…).
Les soussigné-e-s demandent donc au Conseil d’État, par voie de motion, que la Loi sur les subventions soit modifiée de manière à établir un registre public des subventions.
[1]www.jura.ch/Htdocs/Files/v/54f7eedf0c6c38ceace15b380719b9da88b14e44244c19207a1463eb1ddf0c1b.pdf
La nécessité de promouvoir la formation professionnelle est unanimement reconnue, mais parfois, entre les paroles et les actes, un écart se creuse. La décision de créer une nouvelle école professionnelle à Payerne en est un exemple flagrant. Cette initiative aurait pu constituer une avancée significative pour les jeunes de la Broye. Le 7 mars, le Conseil d’État a dévoilé les filières qui seront finalement proposées dans cette nouvelle institution. Si, initialement, le transfert de la filière médiamaticien-ienne-s avait été envisagé avant d’être abandonné, il a finalement été décidé de transférer la filière « logistique » de Lausanne à Payerne, ce qui concernera 700 jeunes. Bien que l’ouverture d’une école professionnelle dans la région de la Broye aurait pu offrir une meilleure accessibilité et donc un réel avantage pour les apprenti-e-s de la région, force est de constater que le plan actuel ne le permettra pas. En pratique, l’ouverture de cette nouvelle école offrira un écrin pour les formations commerciales (450 apprenti-e-s) et pour l’antenne de l’École de la transition, toutes deux déjà implantées à Payerne. De plus, elle permettra la création d’un nouveau site dédié aux apprenti-e-s en informatique (250 places), offrant ainsi une opportunité supplémentaire.
La majeure partie des apprenti-e-s de la nouvelle école de Payerne proviendra du transfert complet de la filière « logistique » de Lausanne vers Payerne. Ce déplacement entraînera une augmentation significative des temps de trajet pour les jeunes concerné-e-s, étant donné que cette formation est actuellement dispensée à Lausanne. Par ailleurs, il s’agit de prendre en compte que la majeure partie des lieux de travail sont situés dans l’agglomération lausannoise et au pôle logistique d’Aclens (dont les deux sites de la Poste à Daillens et Eclépens), contrairement à ce qu’affirme le Département de l’Éducation et de la Formation professionnelle (DEF).
Il convient également de souligner que les apprenti-e-s de la filière logistique comprennent en partie des jeunes dont le parcours scolaire est instable, avec un parcours de formation parfois fragile, en particulier dans la filière AFP (attestation de formation professionnelle) où le site de Lausanne a développé un pôle de compétence dans l’accompagnement de ces apprenti-e-s particulièrement fragile notamment avec un poste dédié à l’accompagnement individualisé des AFP. Le déplacement d’une filière et l’augmentation des temps de transport peuvent entraîner un risque d’abandon pour certains d’entre eux et elles. Ce qui serait un autogoal. C’est d’autant plus vrai que le site actuel accueille des apprenti-e-s extra-cantonaux. Il est regrettable que le département n’ait jamais envisagé de développer un deuxième site à Payerne, sans remettre en question la présence du site lausannois (ou une autre implémentation complémentaire).
Ces décisions ne semblent bénéficier à presque personne ! Les jeunes apprenti-e-s de la Broye, à l’exception des trois domaines mentionnés, continueront de devoir se rendre sur des sites éloignés pour leurs cours professionnels, tandis que les apprenti-e-es de la filière logistique verront, elles et eux, leurs temps de déplacement considérablement allongés. Ainsi, alors que le Conseil exprime son souhait de « renforcer l’offre de formation professionnelle », ses décisions ont en réalité l’effet inverse : elles appauvrissent l’offre dans la région lausannoise et n’apportent qu’une amélioration marginale pour la région de la Broye. Il est également surprenant de constater le faible choix de formations proposées sur le site de Payerne. La politique cantonale consistant à concentrer la plupart des domaines professionnels sur un seul site entre en contradiction avec l’objectif de développer la formation professionnelle dans toutes les régions du canton. Cela se manifeste également dans la concentration de la formation d’ASSC sur le site de Saint-Loup, alors qu’elle était auparavant dispensée sur trois sites (Subriez et Morges).
Convaincu-e-s de l’intérêt de valoriser la formation professionnelle et d’assurer son accès dans toutes les régions du canton, les soussigné-e-s ont l’honneur de poser les questions suivantes au Conseil d’État :
De nombreux enjeux attendent l’école durant l’année scolaire à venir; une année qui, nous l’espérons, ne sera pas affectée par une situation sanitaire aux conséquences pédagogiques et psychologiques lourdes.
Concernant l’éducation numérique, un bilan des étapes réalisées et un débat large sur les objectifs poursuivis, le rythme d’implémentation et les moyens octroyés doivent être menés.
«Le débat se porte notamment sur la place des élèves à besoins particuliers au sein du système de formation.»
Le débat se porte notamment sur la place des élèves à besoins particuliers au sein du système de formation, qui est un élément clé d’une école inclusive, un système qui doit offrir à toutes et tous la possibilité d’acquérir une formation de qualité. Ce droit à y accéder est une revendication centrale. Cependant, ceci n’est possible que si certaines conditions-cadres sont réunies et si les moyens nécessaires sont débloqués. Il y va du respect de ce droit pour les élèves, mais aussi de celui des professionnel·le·s à travailler dans de bonnes conditions. Pour cela, un plan pédagogique est nécessaire: non bureaucratique, basé sur les besoins et pensé pour allouer les moyens nécessaires.
Force est de constater que le «Concept 360» n’atteint, en l’état, aucun de ces objectifs. Non pas que les réflexions internes aux établissements soient inutiles – au contraire, elles mettent en lumière l’ampleur des changements nécessaires – mais plutôt parce que le dispositif semble souvent basé sur les ressources disponibles et les moyens de gérer la pénurie plutôt que sur une vision plaçant l’élève et ses besoins au centre du projet de formation. En effet, que ce soit dans la prise en charge préscolaire, dans le soutien en classe, les mesures pédagothérapeutiques (logopédie, psychologie, psychomotricité) ou encore dans les institutions, tout le système est sous pression du fait de l’ampleur des besoins et la faiblesse des moyens octroyés.
Nous appelons donc le département chargé de la Formation à donner un nouvel élan à la réflexion et à l’élaboration concrète et réalisable d’un plan. Ce nouvel élan impliquerait à la fois une simplification du dispositif et l’octroi de moyens conséquents.
Parmi les mesures simples et concrètes que nous demandons, l’octroi de moyens aux classes (ou à un groupe de classes) plutôt que de systématiquement devoir étiqueter un élève pour obtenir quelques périodes de soutien, aboutissant à la multiplication de mesures dans la même classe, et donc à la multiplication du suivi et de la nécessaire coordination, concourant à la surcharge du personnel.
Le passage entre l’école obligatoire et la formation postobligatoire est un moment charnière de la formation d’un-e jeune. A la rentrée 2021, trois mois après la fin de l’année scolaire, on comptait 47% des élèves inscrit-e-s dans une formation générale (gymnase + école de culture générale), 21% dans une formation professionnelle, 13% dans une structure de transition et 10% dans une classe de raccordement[1]. Dans le hors-série de Numérus de juin 2016[2], l’auteur du rapport relevait que « La hausse des jeunes s’orientant vers le gymnase ne suffit pas à expliquer la diminution des formations professionnelles entreprises à la fin de la scolarité obligatoire. On assiste en effet à un report dans le temps des formations professionnelles. Les jeunes n’entament pas forcément leur apprentissage directement à la fin de la scolarité obligatoire car des passerelles ou des mesures de transition s’intercalent dans leur parcours. »
Les statistiques fédérales indiquent que le canton de Vaud connaît le taux le plus élevé d’élèves en structures de transition non certifiantes. Cette situation est insatisfaisante à plusieurs égards. En effet, elle réduit la part d’élèves qui accèdent à une formation professionnelle certifiante immédiatement après leur scolarité, tout en étant particulièrement coûteuse. Il n’est pas question ici de remettre en question le travail de qualité réalisé dans les structures de transition, mais plutôt d’explorer toutes les possibilités alternatives permettant une entrée en formation professionnelle directement au sortir de l’école obligatoire. Il faut encore relever un effet malheureux du nombre important de jeunes qui effectuent une année de transition : ils et elles entrent en concurrence avec leurs collègues qui sortent de l’école, et on comprend que nombre d’entreprises choisissent les plus âgé-e-s.
La pénurie de personnel dans les secteurs qualifiés ainsi que le fait qu’une formation certifiée est une des clés pour une intégration réussie dans la société sont des éléments supplémentaires qui doivent nous convaincre de la nécessité de viser un plus haut niveau de certification secondaire II. Notre canton atteint seulement 86% d’adultes de 25 ans au bénéfice d’une telle certification alors que l’objectif national adopté par la Confédération et la Conférence des directrices et directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP) de 95%.
La plus grande partie des élèves qui se retrouvent en structures de transition rencontrent des difficultés à accéder sans délai à la formation professionnelle, ses difficultés pouvant être de nature très variée. Si l’on veut proposer une alternative à l’entrée en structure de transition, il apparaît donc nécessaire de renforcer les programmes de formation professionnelle certifiante destinés à des publics plus fragiles, sur le modèle du Centre d’Orientation et de Formation Professionnel (COFOP) ou des formations mixtes. Dans le COFOP, grâce à un encadrement renforcé et un accent très fort sur la pratique, des jeunes qui n’auraient probablement pas réussi une entrée directe en formation professionnelle obtiennent un CFC, équivalent à celui obtenu en mode dual. Les CFC offerts se répartissent entre les secteurs du bâtiment, du bois, de la mécanique, de la nature, de la restauration et des services.
Depuis plusieurs années, le COFOP a connu des développements. Un agrandissement du site lausannois a été réalisé, des restaurants d’application dans les établissements secondaires II ont été créés, de même qu’un préapprentissage de commerce en commun avec l’École de la transition. Il est temps de changer d’échelle et d’offrir une offre de type COFOP dans chaque région du canton. Cela permettrait de développer fortement le nombre de places et de les rapprocher des besoins, ceux-ci ne se concentrant pas seulement à Lausanne. Le coût de ce développement serait rapidement amorti par une diminution du nombre de jeunes à l’École de la transition et un moindre recours à une prise en charge sociale par la suite (70% des personnes recevant une aide sociale ne possèdent pas de titre de formation secondaire II).
Dans ce cadre, les soussigné-e-s demandent par voie de postulat au Conseil d’Etat d’étudier le développement de structures de type COFOP dans les différentes régions du canton.
[1] Sauf précision contraire, les chiffres mentionnés proviennent du dossier de rentrée du DFJC 2021-2022.
[2]www.vd.ch/fileadmin/user_upload/organisation/dfin/statvd/Dom_15/Publications/Numerus-HS_Ocosp.pdf
Le Temps – 10 février 2018
La nouvelle ministre vaudoise de l’Education veut un dispositif global pour intégrer au mieux les élèves à besoins particuliers. Le syndicat SSP salue cette nouvelle approche, qui retarde l’entrée en vigueur de la loi
Ils souffrent d’un handicap moteur, de troubles cognitifs ou encore ne parlent pas le français: pour venir en aide à ces élèves à besoins spécifiques, la conseillère d’Etat Cesla Amarelle veut un cadre global et non plus une multitude de directives prises au coup par coup. Ce changement d’approche, par rapport à celle que défendait Anne-Catherine Lyon, la précédente patronne de l’Instruction publique, aura pour conséquence de retarder d’un an l’introduction de la loi sur la pédagogie spécialisée (LPS), censée entrer en vigueur en août prochain. Le règlement d’application, en l’état très complexe, doit en effet être adapté au nouveau concept cantonal.
Pour l’élaborer, la cheffe du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture a annoncé vendredi le lancement d’une vaste consultation avec les acteurs du terrain: enseignants et éducateurs, mais aussi psychologues, logopédistes ou encore assistants sociaux. Une fois la ligne définie, les établissements bénéficieront de davantage d’autonomie pour concocter leur propre dispositif et l’adapter en fonction des résultats.
L’élève issu de la migration n’a pas les mêmes besoins que l’adolescent en révolte ou encore que celui qui souffre d’un retard de langage. «Le premier bénéficiera, entre autres, de cours de français, le second d’un soutien socio-éducatif et le troisième travaillera avec un logopédiste, détaille Cesla Amarelle. Mais au-delà de ces réponses personnalisées, il est nécessaire d’avoir une approche transversale, une vision large, pour répondre au défi que représente l’intégration de milliers d’élèves en difficulté.» Quels moyens seront mis à disposition pour y parvenir? «La LPS prévoit un financement de 12 millions de francs sur quatre ans, pour autant que le Grand Conseil vote le budget année après année», répond la conseillère d’Etat.
Les enseignants sont déjà confrontés à une surcharge de travail et peinent à gérer des classes qui comptent parfois plusieurs cas difficiles
«En dix ans, le budget dévolu à l’enseignement spécialisé est passé de 50 à 80 millions de francs, précise Serge Loutan, chef du Service de l’enseignement spécialisé. Malgré tout, le sentiment du terrain est qu’il n’y a toujours pas assez de ressources.» Actuellement, quelque 400 psychologues, psychomotriciens et logopédistes (215 équivalents plein-temps) interviennent dans les écoles vaudoises, soit environ deux par établissement. A quoi s’ajoutent quelque 400 éducateurs et enseignants spécialisés sur les 9000 que compte le canton.
Du côté des syndicats, le changement de philosophie réjouit. «Il était temps de renverser la réflexion, de partir du besoin identifié sur le terrain pour élaborer des solutions et non pas de réfléchir par services, en silos», estime Julien Eggenberger, président du SSP Vaud et lui-même enseignant. Quitte à retarder l’arrivée d’une loi espérée depuis plusieurs années? «Oui, le jeu en vaut la chandelle. Naturellement, ce report suscite aussi des craintes et des attentes encore plus grandes au sein de la profession. Il faudra juger sur pièce.»
Au cœur des préoccupations du syndicaliste: les moyens à disposition pour l’école inclusive. «Les enseignants sont déjà confrontés à une surcharge de travail et peinent à gérer des classes qui comptent parfois plusieurs cas difficiles. Si on veut renforcer la détection précoce des élèves à besoins particuliers, les psychologues ou les logopédistes devront venir observer les classes de 1re enfantine, cela signifie qu’ils auront moins de temps à consacrer aux enfants déjà suivis. Nous voulons éviter ce dilemme.»
L’usure guette les enseignants du primaire,selon le syndicat SSP. Image: KEYSTONE
«Depuis plusieurs années, la réalité du métier a évolué et les conditions de travail se sont dégradées dans les cycles primaires, lâche le président du SSP Vaud Julien Eggenberger, lui-même enseignant. Les retours du terrain sont unanimes. De plus en plus vite, ceux qui commencent le métier passent à temps partiel et de moins en moins veulent assurer une maîtrise de classe.» L’une des raisons importantes que soulève le SSP concerne la délicate question de l’intégration des élèves souffrant de troubles ou de handicaps. Ils ont des besoins particuliers et sont de moins en moins orientés dans des institutions parapubliques spécialisées. Le Canton de Vaud a rattrapé son retard dans le domaine de l’école inclusive, une philosophie qui n’est du reste pas critiquée dans son principe. Mais cette orientation a alourdi la barque pour les instituteurs et institutrices, souvent seuls au front.
Une gestion de classe compliquée
«Une fois qu’un problème est identifié vis-à-vis d’un élève, il n’est pas rare qu’il faille attendre un an voire plus avant d’obtenir une aide, témoigne Elise Glauser, enseignante de 1-2P sur la Riviera et membre de la direction du SSP Vaud. Pendant ce temps, il faut gérer une classe avec un enfant qui a un trouble aigu, c’est très compliqué.» Quand des professionnels entrent enfin en jeu (logopédistes, psychomotriciens, enseignants spécialisés, etc.) vient un autre casse-tête administratif. «L’Etat n’a pas anticipé l’énorme travail de coordinations entre les différents professionnels et les parents que doit assumer le maître de classe, reprend l’enseignante. On dit souvent que la pause de midi a disparu en primaire.»
Le SSP demande notamment qu’un dispositif de dépistage précoce des difficultés des élèves soit mis en place, que les délais pour faire un bilan et obtenir une aide de la part du Service de l’enseignement spécialisé (SESAF) soit grandement raccourci (lire encadré). Et qu’une campagne de recrutement et de promotion soit lancée pour la filière d’enseignement spécialisé: trop peu de personnes seraient formées pour répondre à la demande.
«Il y a en effet une tension entre l’expression des besoins et l’attribution des moyens»
Syndicat minoritaire dans les cycles primaires – où les enseignants sont davantage à être affiliés à la Société pédagogique vaudoise (SPV) –, le SSP Vaud frappe un grand coup pour marquer le terrain. Le contexte n’est pas anodin: une nouvelle conseillère d’Etat a pris en main cet été le Département de la formation. Et elle a les mains dans le cambouis avec l’élaboration du Règlement de la loi sur la pédagogie spécialisée. Un véritable pensum où chaque secteur professionnel défend son pré carré.
Cesla Amarelle ne nie pas les difficultés que rencontrent les enseignants du primaire. «Il y a en effet une tension entre l’expression des besoins et l’attribution des moyens. Pour les prestations de pédagogie spécialisée, et encore plus particulièrement pour l’intervention des logopédistes, psychomotriciens ou psychologues, il est donc nécessaire d’évaluer les demandes en termes de gravité et d’urgence. Ce qui peut générer une attente.» La ministre rappelle néanmoins que l’Etat s’est doté de moyens importants pour relever le défi de l’école inclusive: «Ces dix dernières années, le Département a engagé un nombre significatif d’enseignants spécialisés pour l’aide à l’intégration dans les établissements scolaires. Concernant la prise en charge des prestations de logopédie indépendante, le budget cantonal a augmenté de 60%», illustre-t-elle.
«Des principes à rediscuter»
L’avenir devrait en outre s’éclaircir avec l’entrée en vigueur, en août prochain, de la loi sur la pédagogie spécialisée (lire ci-contre). Plus généralement, la conseillère d’Etat n’exclut pas de rediscuter certains principes pour simplifier et accélérer le dispositif. «Il y a une réflexion à mener avec l’ensemble des acteurs, car les enseignants doivent être soutenus dans leur implication en faveur de l’intégration à l’école. Il faut aussi éviter que l’institution spécialisée soit perçue comme une sanction, alors que c’est un lieu très important pour que des élèves puissent se développer.» Cela dit, précise la socialiste, «le canton de Vaud est loin du tout intégratif». Le nombre d’élèves souffrant d’un trouble ou d’une déficience suivant le cursus dans une classe ordinaire est d’environ 1000, soit à peine plus de 1% des élèves de l’école obligatoire. Quelque 1500 autres sont en outre scolarisés ensemble dans des classes de développement et 1400 le sont dans des institutions de pédagogie spécialisées.
L’école inclusive n’explique pas seule l’usure que ressentent les profs, lit-on dans le rapport du SSP. «L’évolution du métier tient pour beaucoup à des facteurs extérieurs à l’école, d’ordre sociétaux. Ce ne sont plus les mêmes élèves, plus les mêmes parents qu’il y a trente ans», relève Julien Eggenberger. Même s’ils restent très minoritaires, de plus en plus d’enfants sans trouble particulier ont des problèmes de comportements à même de faire exploser la classe. La conseillère d’Etat a d’ailleurs annoncé cet été le lancement d’un projet-pilote socio-éducatif dans six établissements pour soulager le corps enseignant. (24 heures)
Postulat déposé le 13 juin 2017 au Grand Conseil du canton de Vaud
Le débat sur les langues nationales rappelle l’importance cruciale de l’enseignement d’une deuxième langue nationale à l’école obligatoire. Un enjeu de cohésion nationale, mais aussi un enjeu pour favoriser les chances d’intégration professionnelle et sociale.
Le large développement de cet enseignement dans notre canton s’est concrétisé dans le cadre de la Loi sur l’enseignement obligatoire avec l’anticipation d’un apprentissage formel en 5 et 6P et la systématisation de cette discipline en 9-11S. L’enseignement d’une langue 2 en classe, à raison de quelques périodes par semaine, est une ambition très élevée qui nécessite de recruter de nombreux enseignant-e-s qualifié-e-s. Or, depuis de nombreuses années, les établissements de la scolarité obligatoire rencontrent des difficultés importantes à recruter des titulaires des titres requis si bien qu’une part significative des cours d’allemand sont pris en charge par des enseignant-e-s qui ne détiennent pas de tels titres. Cette situation s’explique par l’important développement mentionné précédemment, mais aussi par un cursus de formation pensé pour des francophones qui s’engagent dans un cursus académique dans une université romande. Il s’agit évidemment de continuer à encourager l’intérêt des francophones à se former à l’enseignement de l’allemand dans le cadre de ce cursus « traditionnel », mais il apparaît que cela ne suffira probablement pas.
La présence de nombreux germanophones dans notre pays devrait constituer un important réservoir de recrutement et il est utile de rappeler l’intérêt de pouvoir aussi compter sur des enseignant-e-s dont la langue enseignée est leur langue maternelle. Un programme ambitieux d’échanges d’enseignant-e-s et de recrutement dans les cantons alémaniques, dont certains ne connaissent pas de pénurie d’enseignant-e-s, devrait contribuer à palier ces difficultés. Mais cela ne suffira pas car des obstacles administratifs freinent certaines candidatures. En effet, lorsqu’un établissement procède à l’engagement d’un-e enseignant-e venant de Suisse alémanique, celui-ci se voit offrir un salaire fortement retranché s’il ne possède pas les titres requis. Ce qui est normal si l’on considère les qualifications nécessaires à l’exercice de cette profession. Ce qui n’est pas normal, c’est de constater les obstacles importants rencontrés par un germanophone qui souhaiterait accéder à la Haute école pédagogique du canton de Vaud, notamment parce que la procédure prévoit que cette dernière délègue à l’Université de Lausanne l’examen des titres présentés à l’admission. Les facultés compétentes ont donc naturellement pour pratique de comparer le parcours du candidat avec leur propre cursus. Ceci a pour conséquence de demander des compléments importants qui sont souvent rédhibitoires. Aujourd’hui, de nombreux candidat-e-s préfèrent tenter leur chance ailleurs, là où les conditions d’admission sont plus adaptées, les titres pédagogiques étant reconnus dans tous les cantons. Et ainsi, notre canton se prive de leurs compétences.
Convaincus que l’enseignement de l’allemand dans la scolarité obligatoire est un enjeu essentiel et que ce dernier nécessite des enseignant-e-s qualifiés, les soussignés demandent au Conseil d’Etat d’étudier :
Postulat déposé le 28 février 2017 au Grand Conseil du canton de Vaud
L’actualité internationale met en lumière la situation des requérants d’asile et des réfugiés et de l’aide qui doit leur être apportée. Aujourd’hui, notre pays accueille déjà de nombreux migrants dont une partie obtient un statut durable de résident. Des résidents à qui il s’agit de permettre de s’intégrer et de leur donner les moyens de vivre de manière autonome. Certains de ces réfugiés ont un diplôme universitaire ou étudiaient dans leurs pays d’origine. Or, confrontés à des obstacles administratifs et linguistiques souvent insurmontables, ils n’ont que très rarement accès aux hautes écoles de Suisse, en particulier lorsqu’il s’agit de terminer un cursus. Les nombreuses exigences à remplir avant de pouvoir intégrer une haute école les empêchent d’accéder ou de poursuivre une formation pourtant nécessaire à leur intégration. En effet, rares sont les réfugiés qui disposent immédiatement des preuves nécessaires à leur admission (p.ex. l’original d’un diplôme) ou qui parviennent à démontrer l’équivalence de leur diplôme ou maturité. Ils peinent aussi à atteindre le niveau linguistique requis, les cours de langues adéquats pouvant être chers et peu accessibles. L’examen complémentaire des hautes écoles suisses (ECUS) reste peu adapté à leurs besoins dans la mesure où ils doivent, dans des conditions déjà difficiles, maîtriser un nombre de connaissances sans pertinence pour la poursuite de leurs études.
Les projets d’accompagnement des réfugiés initiés dans les universités de Genève (Programme „Horizons académiques“), de l’ETHZ et de Bâle attestent d’un besoin. L’Université de Lausanne a déjà traité quelques situations au cas par cas. Des mesures sont possibles pour renforcer l’accès des réfugiés aux hautes écoles. A cette fin, il faut à la fois développer un programme de mise à niveau linguistique spécifique aux hautes écoles et un accompagnement, par exemple par mentorat.
La possibilité de commencer ou de terminer des études et donc d’obtenir un titre reconnu permet ensuite plus facilement de s’intégrer et de vivre de manière autonome. La société a donc tout à gagner à prendre des mesures dans ce sens.
Les soussignés demandent donc au Conseil d’Etat d’étudier les mesures nécessaires permettant d’étoffer les possibilités existant à l’UNIL et de l’élargir aux autres hautes écoles vaudoises avec l’objectif de proposer un programme d’accompagnement permettant aux réfugié-e-s de commencer ou de continuer une formation.
Julien Eggenberger et consorts