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Ecole vaudoise : ça ne peut pas continuer comme ça !

24hRubrique « L’invité » 24 Heures du 31 octobre 2016

Après trois ans de fonctionnement de la Loi sur l’enseignement obligatoire (LEO) et son complet déploiement, il est plus que temps d’en faire un bilan.

Dans les cycles primaires, le renforcement de la dotation horaire et l’amélioration du statut du maître de classe ont fait leurs preuves. Malgré cela, la situation reste tendue. Ainsi l’intégration des élèves à besoins particuliers ne s’accompagne pas de renforts pédagogiques en suffisance alors que la Loi sur la pédagogie spécialisée, qui devait simplifier les lourdes procédures actuelles, est bloquée par un recours. Par ailleurs, quelques élèves sans repère mettent parfois en échec les structures existantes et placent les enseignants face à des défis qui dépassent largement leur mission. Afin de les appuyer et redonner un cadre propice au travail dans toutes les classe, une véritable politique socio-éducative doit être développée. Elle doit dépasser les prés carrés des différents services étatiques et permettre l’engagement de personnel éducatif dans les écoles.

Dans le secondaire, certaines carences de la précédente loi scolaire ont certes été corrigées (perméabilité plus grande entre voies et niveaux, système de promotion plus adapté, etc.), mais on constate aussi que les modalités de fonctionnement de la nouvelle voie générale péjorent nettement les conditions d’apprentissage des élèves et de travail des enseignants. Dès le début, nous avons craint que certaines modalités ne rendent la tâche des maîtres de classe pratiquement impossible – ceux-ci ne voient presque plus leur classe -, que les élèves les plus fragiles se heurtent à l’apprentissage de deux langues étrangères et que les nouvelles directives sur l’évaluation couplées à un système d’options trop compliqué ne paralysent le système.

Dès la rentrée 2013, et sans sortir du cadre de la loi, le SSP a demandé des ajustements urgents. Ils n’ont été que très partiellement pris en compte. Plus grave encore : depuis une année, la situation est bloquée car les discussions entamées avec la direction générale sur des aménagements ont été unilatéralement suspendues. La mobilisation de ces dernières semaines aura eu pour première conséquence positive la reprise de ces travaux.

Sans changement rapide, les promesses de la LEO ne seront jamais tenues et le risque d’un échec est grand. S’il était envisageable qu’un nouveau système provoque une situation inconfortable dans un premier temps, elle ne peut plus durer. Les enseignants se sont engagés avec énergie pour faire fonctionner le système, mais on ne peut compter sur leur seule bonne volonté et leurs compétences pour pallier ses défauts. Ils attendent des changements maintenant.

Julien Eggenberger, enseignant en voie générale, président du SSP Vaud et député

 

Réfugié-e-s mineur-e-s non accompagné-e-s: un accueil à la hauteur des défis posés ?

 

L’arrivée en Suisse de nombreuses et nombreux migrant-e-s ayant fui leur pays place les cantons et les services publics devant des défis politiques et organisationnels conséquents. Parmi ces réfugié-e-s, se trouvent beaucoup d’enfants de moins de 18 ans dont certain-e-s sont sans famille, ni entourage immédiat, les « mineur-e-s non accompagné-e-s » (MNA). Les dispositifs mis en place, souvent dans l’urgence, pour les accueillir, sont la concrétisation de la mission d’accueil incombant à notre société ainsi que du respect du droit à l’éducation. Cette situation a déclenché un élan de solidarité parmi de très nombreuses personnes qui s’engagent de différentes manières pour offrir leur soutien à ces migrant-e-s.

Comment le canton fait face à ces défis ? Quelles dispositions ont été prises pour accueillir et encadrer ces jeunes ? Leurs conditions de vie et de formation leur permettent-elles d’envisager un avenir moins incertain? Comment contribuer à soutenir les diverses actions menées pour aider ces jeunes ? 

Le SSP-Enseignement organise une table ronde – discussion ouverte à toutes les personnes intéressées

JEUDI 19 MAI 20h Grande Salle du Cazard Lausanne – Rue Pré-du-Marché 15

Intervenant-e-s:

  • Cesla Amarelle, Conseillère nationale, professeure de droit à l’Université de Neuchâtel, spécialiste des questions de migration.
  • Claire-Antoinette Steiner, répondante, pour l’action-parrainages Vaud, du volet MNA; aumônière au Centre d’enregistrement et de procédure de Vallorbe.
  • Julien Eggenberger, enseignant, président du SSP Vaud et député.
  • Une éducatrice, membre du groupe syndical de l’EVAM.

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Maîtres auxiliaires et reconnaissance des voies alternatives d’accès aux formations pédagogiques : un verre au 2/3 plein

Communiqué du SSP – Enseignement

Le SSP – Enseignement accueille avec satisfaction les dernières décisions du DFJC visant à développer les voies alternatives d’accès aux formations pédagogiques présentées dans la réponse du Conseil d’Etat à la motion Mahaim. Cette stratégie permet en effet d’apporter une réponse à la pénurie d’enseignant-e-s diplômé-e-s et offre une solution qualifiante pour les nombreux maître-sse-s auxiliaires aujourd’hui engagé-e-s avec des statuts précaires. Les dernières avancées sont la consécration d’un long travail de notre syndicat, travail qui s’est concrétisé sous diverses formes (négociations, courrier, pétition, lobbying politique, actions en justice,…). Elles révèlent aussi la nécessité d’un engagement déterminé dans la défense de toutes et tous les collègues, y compris ceux aux parcours atypiques et au statut précaire.

Depuis de nombreuses années, le SSP s’engage activement pour résorber la pénurie d’enseignant-e-s diplômé-e-s et trouver des solutions adaptées à la situation inconfortable des maître-sse-s auxiliaires. Si le SSP considère que des mesures fortes doivent être prises afin de contrebalancer la dégradation constante des conditions d’enseignement, il a aussi à cœur de trouver des solutions pragmatiques permettant de développer les voies alternatives d’accès aux formations pédagogiques. Le SSP revendique une formation des maître-sse-s de haut niveau, ancrée dans le domaine tertiaire, et assurant des conditions justes d’accès. Afin de pouvoir offrir une formation à des personnes ayant suivi un parcours moins «classique», des aménagements doivent être prévus. La rigidité actuelle du système vaudois a longtemps représenté un facteur de pénurie significatif. Les différentes dimensions de la question sont développées dans notre rapport « Agir contre la pénurie » publié en 2010.[1]

Depuis une année, deux nouvelles possibilités d’accès à la HEP sont proposées et permettent de valoriser d’autres types de parcours, comme les formations professionnelles, et de favoriser ainsi la diversité sociale et culturelle du corps enseignant. Le SSP – Enseignement salue ces avancées, même s’il regrette la complexité et le coût de la validation des acquis de l’expérience.

Dès l’année prochaine, le DFJC ouvrira, conformément à la demande du SSP – Enseignement, la formation des enseignant-e-s dans les branches artisanales (activités manuelles, textiles et économie familiale) aux titulaires d’un détenteur d’un titre de formation professionnelle (CFC) alors qu’il était le seul canton romand à leur interdire l’entrée de la formation romande PIRACEF. Par ailleurs et en parallèle, ce dispositif permettra d’offrir une possibilité de qualification pour la centaine de personnes actuellement engagées dans ces disciplines et sans formation pédagogique.

Afin de régler complètement le problème, il restera à réintroduire, sur le modèle d’autres cantons, une passerelle permettant aux enseignant-e-s généralistes d’enseigner au secondaire I, respectivement de permettre aux personnes le faisant déjà d’obtenir les qualifications requises. Le SSP – Enseignement profite de cette occasion pour rappeler cette demande.
[1] Disponible sous : http://www.ssp-vaud.ch/index.php?option=com_content&view=article&id=633

L’encadrement pour les mineurs non-accompagnés relevant du droit d’asile est-il adapté ?

Interpellation déposée le 15 décembre 2015

La situation internationale a mis sur les chemins de l’asile de nombreux réfugiés et réfugiées. Certains d’entre eux sont mineurs et voyagent seuls. Le canton de Vaud, par l’intermédiaire de l’EVAM, a mis sur pied des structures particulières pour celles et ceux que la Confédération confie à notre canton et qui ont plus de 14 ans. Il assure aussi la scolarisation de ceux-ci conformément aux principes fondamentaux des droits humains et au mandat public de formation.

L’augmentation importante des arrivées de mineurs non-accompagnés ces derniers mois a nécessité l’ouverture de nouveaux centres et de trouver des solutions permettant d’assurer leur scolarisation. Ces ouvertures récentes sont évidemment un défi qui nécessite de trouver des locaux adaptés et l’engagement de personnel qualifié. Elles obligent aussi les communes territoriales à trouver des locaux d’enseignement et les directions d’établissement à mettre sur pied dans des délais très rapides des classes d’accueil.

Malgré tous ces efforts, il apparaît que l’encadrement pose des difficultés importantes. Pendant plusieurs semaines, aucun personnel éducatif n’était présent les week ends. Par ailleurs, l’application automatique des normes définies par le Conseil d’Etat, notamment pour les repas, les vêtements et les loisirs, laisse les jeunes concernés seuls face à des problèmes quotidiens qu’un enfant de cet âge est bien en peine de résoudre. Ainsi, est-il raisonnable de demander à un jeune de 14 ans de gérer ses repas ? De plus, la coordination avec les établissements scolaires est difficile et de nombreuses zones grises subsistent. Est-ce vraiment le rôle des enseignant-e-s de l‘école obligatoire de fournir des sacs d’école et des habits chauds ?

En résumé, le concept d’encadrement comporte des lacunes et ne répond pas à ce qui est attendu dans le cadre de l’accueil de jeunes mineurs non-accompagnés relevant du droit d’asile.

Fort de ces constats, j’ai le plaisir de poser les questions suivantes au Conseil d’Etat :

  1. Dans le cadre de la convention de subventionnement de l’EVAM, quel encadrement et quels principes éducatifs sont définis ?
  2. Quel est l’encadrement éducatif prévu dans les différentes structures accueillant des mineurs non-accompagnés ? La présence d’un encadrant est-elle garantie 24/24h et 7/7j ? Quelles sont les qualifications des encadrant-e-s ?
  3. Comment les repas sont-ils organisés ?
  4. Tous les mineurs en âge de scolarité sont-ils scolarisés ?
  5. Quelle formation est proposée pour ceux qui n’ont plus l’âge d’être scolarisés ?
  6. Comment les communes et les établissements scolaires sont-ils associés à la prise en charge de ces jeunes ?
  7. Plus particulièrement, comment le financement des habits et des activités extra-scolaires est-il assuré ?

Je remercie d’avance le Conseil d’Etat pour ses réponses.

Julien Eggenberger, député PS

La fronde des profs fait plier l’Etat de Vaud

Logo_Le_CourrierArticle dans Le Courrier du 28 novembre 2015 – Mario Togni

PÉDAGOGIE SPÉCIALISÉE • Pour des «raisons budgétaires», le département de la formation avait gelé toute nouvelle mesure de soutien aux élèves handicapés en classe. Face au tollé des profs, il a annulé sa décision.

C’est ce qu’on appelle un rétropédalage en bonne et due forme. Le 18 novembre, l’Etat de Vaud décidait de geler toute nouvelle mesure de soutien aux élèves à besoins particuliers dans les classes ordinaires, pour des «raisons budgétaires». Une lettre du Service de l’enseignement spécialisé et de l’appui à la formation (Sesaf ) en informait les établissements de la scolarité obligatoire. Jeudi, face au tollé provoqué par cette décision, le canton est revenu en arrière.

«Au vu des réactions provoquées et avec l’accord de la cheffe du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (Anne-Catherine Lyon, ndlr), j’ai décidé d’annuler cette mesure», confirme Serge Loutan, chef du Sesaf. Un nouveau courrier a été adressé le jour même aux directions d’établissements scolaires. «Nous allons donc continuer à étudier les demandes qui nous sont adressées», précise le chef de service.

Il rappelle que le budget 2016 de l’Etat de Vaud, sur lequel le Grand Conseil doit se prononcer prochainement, prévoit des augmentations de ressources pour la pédagogie spécialisée, avec notamment 18 postes supplémentaires d’enseignants spécialisés. Une partie de ces effectifs (10  postes) concernent la régularisation d’engagements déjà effectués à titre de renfort. «Cela permettra de répondre, au moins en partie, à l’augmentation de la demande», estime-t-il.

Soutien pédagogique

De quoi parle-t-on? L’intégration des enfants en situation de handicap à l’école nécessite notamment un soutien pédagogique (enseignants spécialisés) et des aides à l’enseignant, soit des personnes qui accompagnent les élèves dans les gestes du quotidien. Ces mesures sont décidées sur la base d’une longue procédure et avec l’appui de spécialistes.  La nouvelle loi sur la pédagogie spécialisée, qui doit entrer en vigueur progressivement dès la rentrée 2016, renforcera encore ce dispositif au cœur du concept d’école inclusive.

Or déjà aujourd’hui les besoins dépassent les moyens à disposition, d’où le moratoire décidé en novembre. Le Sesaf justifiait ce choix en soulignant que «l’accroissement des demandes dépasse toutes les prévisions budgétaires», en moyenne de 6% sur l’ensemble du canton. Toute nouvelle mesure de soutien serait donc refusée «par principe», écrivait-il, sans préciser jusqu’à quand.

Enseignants choqués

Stupeur chez les enseignants! «Nous sommes choqués et scandalisés par cette décision qui touche les élèves les plus fragiles», réagissait jeudi matin Grégory Durand, président de la Société pédagogique vaudoise (SPV), assurant que son téléphone était submergé d’appels de profs en colère et inquiets. La SPV et le Syndicat des services publics (SSP Vaud) ont donc écrit cette semaine au DFJC, demandant de suspendre cette décision «brutale» et «inacceptable».

Ils ont finalement été entendus. Dans son courrier de jeudi, Serge Loutan indique qu’il était dans son «devoir» de tirer les conséquences d’un dépassement quasi certain du budget pour l’année 2015. «L’objectif était principalement d’attirer votre attention sur ce risque et de permettre de l’évaluer», ajoute-t-il, à l’adresse des directeurs d’établissements. En leur demandant de rester «attentifs au risque élevé dans l’évaluation des situations nouvelles».

Elèves handicapés

Julien Eggenberger, président du SSP Vaud se dit «satisfait» de ce retournement de situation. «Nous sommes néanmoins effarés qu’une telle idée ait simplement été émise. C’est comme si le CHUV décidait de ne plus donner de médicaments à ses patients car l’enveloppe annuelle était épuisée! On parle ici d’élèves handicapés, par exemple des autistes, qui nécessitent parfois un accompagnement lourd, pas de simples appuis scolaires.»

Après cet épisode «inquiétant», le syndicat va demander au plus vite une rencontre avec la direction du Sesaf et Anne-Catherine Lyon. «Nous voulons des garanties pour la suite», souligne Julien Eggenberger. En particulier, la mise en œuvre de la nouvelle loi sur la pédagogie spécialisée, qui nécessitera des moyens supplémentaires, n’a pas de quoi rassurer dans ce contexte. «Une certaine méfiance s’est installée, nous allons être très vigilants», conclut le syndicaliste.

A l’école, parler des attentats est délicat mais nécessaire

Logo_Le_CourrierArticle du Courrier – 17 novembre 2015 – Mario Togni

Faut-il parler des attentats de ce week-end à l’école? Si oui, comment les aborder? Autant de questions que les enseignants vaudois, comme les autres, se sont posées à l’heure de reprendre les cours hier matin. Lorsque de tels événements se produisent, le malaise n’est jamais loin. Beaucoup de profs abordent néanmoins spontanément le sujet avec leur élèves.

C’est le cas de Julien Eggenberger, enseignant au Secondaire à Lausanne et président du SSP-Vaud. «J’en ai discuté avec mes classes ce lundi matin, témoigne-t-il. Les élèves étaient très au courant, lucides mais aussi inquiets.» Pour lui, il est essentiel de répondre à leurs questionnements et sentiments. «La peur est légitime, il faut la saisir, la comprendre et la dépasser.»

Lui a choisi d’afficher l’image de Marianne en pleurs, largement diffusée sur les réseaux sociaux, comme point de départ de la discussion. «Le débat s’est fait tout seul, les élèves avaient beaucoup de choses à dire. Notre rôle est de donner du sens à ces événements, de les mettre en perspective, d’offrir des clés de lecture.» Parmi ses collègues, la plupart ont aussi passé une partie de la matinée à évoquer l’actualité parisienne.

Des élèves «surinformés»

Le Syndicat des services publics et la Société pédagogique vaudoise (SPV) ont d’ailleurs diffusé dès dimanche sur internet des articles et documents utiles pour aborder les attentats en classe. «Le but n’est pas de noyer les enseignants d’informations mais de leur donner quelques pistes», souligne Grégory Durand, président de la SPV. «Les élèves arrivent en classe surinformés par la télé, les journaux, les discussions en famille, les réseaux sociaux. Pour les profs, la difficulté est de cadrer ces informations et de gérer l’aspect émotionnel.»

C’est que beaucoup d’enseignants se sentent «démunis», souligne Alain Pache, professeur en didactique des sciences humaines et sociales à la Haute école pédagogique (HEP-Vaud): «L’enseignant doit déjà se sortir de sa propre stupeur. Certains doutent d’être capables de faire face à l’émotion, d’avoir suffisamment de recul ou craignent les propos tendancieux.» Selon lui, les ressources pédagogiques manquent dans le canton de Vaud, à l’inverse de la France où il existe des plateformes d’information efficaces destinées aux enseignants.

Offrir un espace de parole

Le Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC) ne donne en effet pas de directive ni ne met de matériel à disposition, confirme Michael Fiaux, délégué à la communication. «Le choix de parler de tels événements en classe est laissé au libre arbitre des enseignants. S’ils le font, il doivent en revanche privilégier la mise en perspective et la distanciation, tout en offrant une globalité de points de vue», précise-t-il.

La HEP livre de son côté quelques recommandations. «En premier lieu, il est nécessaire d’offrir un espace de parole, de permettre aux élèves de mettre des mots sur un phénomène, de revenir aux faits», illustre Alain Pache. «Qu’est-ce qu’un terroriste? Quelles sont ses motivations? Qu’est-ce que l’état d’urgence en France?» Répondre à ce type de questions permet, selon lui, de prendre de la distance. Pour les plus petits, l’outil du dessin est aussi parfois utilisé.

Dans un second temps, les enseignants peuvent revenir sur le sujet dans le cadre de disciplines spécifiques, ajoute le spécialiste. Les sciences humaines et sociales (géographie, histoire, citoyenneté, éthique et cultures religieuses), sont particulièrement adaptées. «Cela permet, par exemple, de travailler sur les valeurs d’un État de droit, sur les sources d’informations, ou encore sur les amalgames», conclut-il.


Sélection de sites proposée par le SSP-Enseignement contenant des documents utiles pour aborder en classe les tristes événements duweek end:

– Education nationale française: « Comment aborder la question au primaire et au secondaire »:
http://eduscol.education.fr/…/savoir-accueillir-la-parole-d…

– Les Cahiers pédagogiques: « Des ressources pour parler avec les enfants »:
http://www.cahiers-pedagogiques.com/Des-ressources-pour-par…

– La Passerelle Histoire/géographie: « Par qui notre liberté est-elle menacée? »
http://lewebpedagogique.com/…/emc-4eme3eme-par-qui-notre-l…/

– Bayard Presse: « Les enfants ont besoin de connaître les mots des grands! »:
http://www.bayard-jeunesse.com/…/Les-enfants-ont-besoin-de-…

– L’Express: « Comment éviter que les enfants aient peur du terrorisme?:
http://www.lexpress.fr/…/terrorisme-comment-eviter-que-les-…

Ramadan: elle refuse aux profs de réhydrater sa fille

20minutesArticle 20 Minutes – Mirko Martino

Des maîtres ont dû recourir à un imam pour faire boire une élève mal en point. Les musulmans romands en appellent au bon sens.

A la fin juin, une écolière s’est sentie mal pendant une activité en plein air avec sa classe. Les maîtres ont tenté de lui donner de l’eau, mais la fillette a refusé: elle ne voulait pas faire une entorse au jeûne du ramadan. Les adultes ont alors appelé la mère de l’enfant. Elle aussi a répondu par la négative. Ils ont finalement dû faire appel à un imam pour faire boire l’élève.

Cette mésaventure fait bondir Hafid Ouardiri, directeur de la Fondation de l’Entre-connaissance. «C’est une aberration, s’indigne-t-il. Cette mère est une ignorante! Le ramadan se fait à partir de la puberté. Et rien n’y oblige: chacun doit le sentir en lui.» Grégory Stergiou, président de la Fondation islamique de Vevey, précise qu’«en cas de maladie, on peut rompre le jeûne et on le rattrape plus tard, sans que cela annule le ramadan».

Pascal Gemperli, président de l’Union vaudoise des associations musulmanes, explique qu’il est aussi du rôle des parents d’enseigner le jeûne: «On peut commencer par le faire quelques jours, pour s’y habituer progressivement.» Du côté médical, «l’organisme ne peut pas tenir sans eau, rappelle Olivier Duperrex, responsable de la promotion de la santé en milieu scolaire. Avec cette chaleur, un adulte adapte son rythme, mais pas un enfant. Alors il doit boire.»

Hafid Ouardiri saisit l’occasion pour répéter le message de sa fondation: «Cela démontre que l’on doit travailler ensemble pour que l’ignorance disparaisse. Et qu’elle ne mette plus en danger la vie d’un être humain au nom de la religion.»

«Hotline» pendant le défilé des élèves

Cette mésaventure a poussé le service des écoles à se prémunir pour le cortège des enfants du primaire, mercredi dernier. Son chef, Philippe Martinet, a ainsi contacté un imam. Celui-ci s’est tenu à disposition téléphonique durant toute la manifestation pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise. «Au final, nous n’avons pas eu besoin de faire appel à ses services, précise Philippe Martinet. Mais cette démarche s’inscrit dans notre volonté de développer le «vivre ensemble» de manière pragmatique entre les plus de 110 nationalités que compte Lausanne».

«Il me semble qu’un prof peut l’y obliger»

«Les enseignants sont tenus de prendre toutes les mesures utiles pour préserver l’intégrité physique d’un élève, rappelle Julien Eggenberger, du comité SSP-Enseignement. En cas d’évanouissement, il est de leur responsabilité d’alerter le service de santé, une ambulance ou les parents pour qu’ils viennent immédiatement. Si l’enfant refuse de boire alors que sa santé est en jeu, il me semble qu’un professeur peut l’y obliger. De plus, les services médicaux et la protection de la jeunesse sont compétents pour prendre toutes mesures permettant de protéger un mineur, y compris contre l’avis de ses parents.»

Subsides au sport : qui paiera le manque à gagner? 

 

Interpellation déposée le 5 mai 2015

Le 26 mars 2015, l’Office fédéral du sport (OFSPO) communiquait sa décision de réduire les subventions Jeunesse et Sports (J+S) de 25% à compter du 1er août. Cette décision est motivée, selon le service de la Confédération, par un afflux important de demandes. Elle provoque évidemment la colère des associations et organisations bénéficiaires, d’autant plus que des engagements ont été pris sur la base des anciens montants. Il y a quelques jours, la commission de la science de l’éducation et de la culture du Conseil national a adopté à l’unanimité une motion demandant au Conseil fédéral une augmentation des ressources afin de garantir les tarifs actuels. Cette motion n’a pas encore été traitée et l’OFSPO n’a pas remis en cause sa décision. Un éventuel retour en arrière risque donc de ne pas s’appliquer immédiatement.

Les subventions J+S contribuent au fonctionnement de toutes les activités sportives pour la jeunesse dans les différentes fédérations et associations (les scouts par exemple). Par ailleurs, elles permettent l’organisation de plus de 2000 camps dans toute la Suisse, concernant plus de 60 000 enfants. C’est donc des milliers d’heures d’encadrement du sport, des centaines de camps et des milliers d’enfants qui sont concernés dans notre canton. L’équilibre financier de ces activités, parfois fragile, est remis en cause. Au-delà des difficultés considérables auxquelles vont être confrontés les organisateurs devant un changement annoncé au dernier moment, se pose la question des conséquences que va avoir cette mesure sur le financement des activités sportives à long terme.

Par ailleurs, le canton est lui-même un organisateur d’activités sportives pour la jeunesse, en particulier les camps sportifs scolaires, et va donc être impacté par la baisse des subventions. Il est à craindre, en l’absence d’un retour en arrière et sans compensation via le budget cantonal, que ce soient les participants qui voient leur facture augmenter.

Au vu de ces différents constats, et partant du principe que l’encouragement des activités sportives est une tâche publique essentielle, nous posons au Conseil d’Etat les questions suivantes :

  1. Quelle appréciation le Conseil d’Etat fait-il de cette baisse des subventions fédérales J+S ?
  2. Le Conseil d’Etat a-t-il usé de toutes ses marges de manœuvre pour s’opposer à cette décision ?
  3. Quelles conséquences cette baisse de subventions a-t-elle sur le financement et l’organisation d’activités sportives dans le canton ?
  4. Quelles conséquences cette baisse de subventions a-t-elle sur le financement et l’organisation d’activités sportives par le canton, en particulier par les établissements scolaires ?
  5. Le Conseil d’Etat a-t-il décidé de mesures immédiates pour palier cette décision fédérale ?
  6. Plus précisément en ce qui concerne les activités directement organisées par l’Etat de Vaud, le Conseil d’Etat a-t-il décidé de reporter sur les participants le financement manquant ?

Nous remercions d’avance le Conseil d’Etat pour ses réponses.


 

A noter l’acceptation d’une motion par les commissions compétentes du Conseil national, à l’initiative du CN Jean-Francois Steiert (PS – FR), et du Conseil des Etats, à l’initiative de sa présidente Géraldine Savary (PS – VD), allant dans le même sens.

Echouer aux examens n’empêche pas d’enseigner

24hArticle 24 Heures du 11 avril 2015 – Marie Nicollier

Education : Pénurie oblige, les étudiants en échec définitif à la Haute Ecole Pédagogique vaudoise sont employables.

«C’est extrêmement problématique», s’inquiète Julien Eggenberger, président du Syndicat vaudois des services publics.

Des aspirants professeurs qui ont raté la HEP et qui enseignent dans les classes vaudoises? C’est rare, mais cela existe. Les personnes qui se sont vu signifier un double échec, donc un définitif, par la Haute Ecole pédagogique peuvent en effet être engagées pour des remplacements. «Nous privilégions évidemment les personnes au bénéfice d’un titre d’enseignant. Mais, s’il manque des enseignants qualifiés sur le marché, on peut en effet engager ces personnes à titre d’auxiliaires», confirme Michael Fiaux, porte-parole de la Direction générale de l’enseignement obligatoire (DGEO).

«C’est extrêmement problématique, juge Julien Eggenberger, enseignant et président du Syndicat vaudois des services publics (SSP), qui ignorait ce point du règlement. Je vois mal comment on peut engager en tant qu’auxiliaire des gens qui ont échoué deux fois aux examens. Aucun hôpital n’accepterait d’engager un médecin qui a échoué deux fois à ses examens de médecine. De deux choses l’une: soit l’Etat pense qu’il faut des qualifications pour enseigner, soit que n’importe qui peut le faire.»

Echecs très rares

Le directeur de la formation à la HEP, Cyril Petitpierre, rappelle le taux d’échec définitif très faible de l’institution: une cinquantaine de cas par an sur 1700 étudiants en formation de base préparant un bachelor, un master ou un diplôme. «Ces gens sont donc écartés pour de bonnes raisons; ils ont des lacunes. S’il s’agissait de mes enfants, il est vrai que je ne serais pas particulièrement heureux que leur professeur soit dans cette situation.»

Nécessité fait loi. Confrontés à la pénurie d’enseignants, les directeurs d’établissements n’arrivent parfois pas à trouver un professeur diplômé pour un remplacement dans certaines branches. «Cela n’enlève rien à la valeur du diplôme, estime Gregory Durant, président de la Société pédagogique vaudoise. On engage ces gens parce qu’il n’y a personne d’autre.»

Cyril Petitpierre reconnaît que la situation n’est pas idéale: «La seule façon de résoudre ce problème est d’accueillir plus d’étudiants pour augmenter le nombre de personnes diplômées. Même si la HEP a doublé ses effectifs depuis 2008, nous ne diplômons pas assez pour répondre aux besoins: environ 500 diplômes délivrés par an, alors qu’il en faudrait 650. C’est pour cela que nous souhaitons diversifier les voies de formation et que nous avons ouvert la Validation des acquis de l’expérience.»

Pour faciliter l’accès au titre, la HEP vient d’assouplir ses conditions d’entrée en permettant, sur dossier, de faire valider les compétences acquises dans son parcours professionnel. Trente-six personnes se sont inscrites. Le nouveau règlement donne aussi la possibilité aux personnes au bénéfice d’un CFC d’obtenir une équivalence à la maturité, et donc de suivre la formation de maître primaire.

Michael Fiaux insiste sur la diversité des profils, précisant que, «comme pour les auxiliaires ( ndlr: plusieurs centaines de professeurs sans titres pédagogiques), ce sont leur expérience professionnelle et leurs connaissances dans une branche qui seront déterminantes». Gregory Durand acquiesce: «Je préfère que les élèves soient encadrés par quelqu’un qui a fait tout son cursus à la HEP et raté un examen à la fin qu’un étudiant en première année de Lettres à l’UNIL qui ne connaît rien à l’école. Si c’est un problème de nature pédagogique qui a mené à l’échec, on peut en effet être surpris d’un engagement. Il faut aussi considérer le type de remplacement: si c’est un congé maternité, cela devient plus ennuyeux que si c’est un remplacement d’une journée.»

Combien sont-ils à enseigner après un échec définitif aux examens? «Très très peu», estime Gregory Durand. «J’ai eu vent de moins de dix cas», réagit Cyril Petitpierre. La HEP et la DGEO disent n’avoir aucune statistique; il s’agirait majoritairement de temps partiels.

Si ces aspirants profs constituent une soupape de sécurité bienvenue en temps de disette, il n’est pas question de leur ouvrir les portes d’une carrière dans l’enseignement vaudois. Ils sont au bénéfice d’un contrat à durée déterminée d’un an, renouvelable au maximum deux fois.

Pédagogie spécialisée: le sort des «aides à l’intégration» s’invite au débat

Logo_Le_CourrierArticle du Courrier du 4 février 2015 – Mario Togni

La Loi sur la pédagogie spécialisée (LPS) est presque sous toit. Le Grand Conseil a arrêté hier ses travaux à trois articles de la fin du premier débat, par manque de députés présents dans la salle… Durant 4 h 30, les élus ont débattu de ce texte visant à encadrer l’intégration des élèves à besoins particuliers (du léger trouble langagier au handicap lourd) au sein de l’école ordinaire (notre édition du 20 janvier).

Certains points ont suscité d’intenses discussions, mais pas forcément les plus attendus. Les conditions de travail des «aides à l’intégration», ces personnes qui accompagnent à l’école dans leurs gestes quotidiens les élèves souffrant de handicap, doivent être améliorées, ont soutenu plusieurs députés via des amendements. «Ces gens précieux assument des tâches innombrables, mais n’ont aucun statut spécifique», a souligné Marc Oran (La Gauche).

« Aucune sécurité de l’emploi »

Le constat est partagé par Julien Eggenberger (ps), enseignant et président du Syndicat des services publics (SSP Vaud). «Ce statut n’est pas digne du service public. Ces personnes sont payées à l’heure et n’ont aucune sécurité de l’emploi», estime-t-il. Par exemple, en cas d’hospitalisation de l’élève, l’aide à l’intégration n’a plus de travail, illustrent les députés.

Pour y remédier, les solutions divergent. Marc Oran souhaitait inscrire la nécessité d’offrir une formation d’assistant socio-éducatif (CFC). «Cela reviendrait à devoir licencier le 100% du personnel actuel, qui n’a pas cette ­formation», a prévenu Anne-Catherine Lyon, conseillère d’Etat chargée de l’école.

Avec le même souci, Julien Eggenberger proposait que les aides à l’intégration soient au bénéfice de contrats à durée indéterminée, mais sans définir leur formation. A droite, ces deux amendements ne suscitent pas l’unanimité. «Il s’agit par définition d’une activité en dents de scie, il est donc normal d’engager des gens au coup par coup et non avec des contrats fixes», relève Jacques-André Haury (pvl).

Fin du libre choix du prestataire

Au final, Anne-Catherine Lyon a proposé aux intervenants concernés de travailler avec elle à un amendement cohérent et réaliste, qui sera soumis lors du deuxième débat. Plutôt inhabituelle, la proposition a été acceptée, avec pour corollaire le retrait des amendements.

Plus tôt, les députés avaient par ailleurs validé un point controversé de la réforme: la fin du libre choix du prestataire de mesures pédago-thérapeutiques (logopédie, psychomotricité, psychologie). «Il s’agit de prestations privées, mais subventionnées à 100% par l’Etat. Le libre choix n’a plus cours», a défendu Anne-Catherine Lyon, suivie par 57 voix contre 53.